- AJACCIO
- AJACCIOAJACCIChef-lieu de la région corse et préfecture de la Corse-du-Sud, «cité impériale» ainsi que la nomment ses habitants, Ajaccio (59 300 hab. en 1994) occupe dans la partie sud-ouest de l’île les bords d’un des plus beaux golfes de la Méditerranée. La légende prétendait que la ville avait été fondée par Ajax. En fait, parmi les diverses étymologies proposées pour Ajaccio, la plus vraisemblable est celle qui la rattache au mot grec Agation , c’est-à-dire le bon port: en effet, le site a vu très tôt arriver des colons grecs. Il est aussi vraisemblable, comme certaines trouvailles archéologiques le suggèrent, qu’Ajaccio ait constitué sous les Romains le point d’aboutissement d’une voie transversale entre la côte occidentale et la côte orientale où se trouvait la capitale Aleria (l’Alalia des Grecs). Au VIIe siècle, le pape saint Grégoire le Grand mentionne plusieurs fois dans ses lettres Ajaccio parmi les évêchés de Corse, alors que l’île était placée sous l’autorité byzantine.La ville ne prend pourtant d’importance réelle et n’accède vraiment à l’histoire qu’en 1492, date de construction de la citadelle. Sans jamais connaître le développement, voire la prospérité de Bastia, Ajaccio à partir du XVIe siècle n’en devient pas moins le centre incontestable de la vie administrative de l’Au-Delà des monts.En 1553, Ajaccio ouvre ses portes aux troupes corses de Sampiero, et Gênes qui mesure l’importance stratégique de la ville lui donne alors d’autres fortifications (1562). La population, à l’origine ligure, comme toujours dans les villes littorales de Corse, d’«invention» génoise, se voit peu à peu grossir de forts contingents corses venus de l’intérieur. Vers 1665, la population de la ville ne dépasse pas 5 000 habitants. Siège d’une garnison génoise contrôlée par un lieutenant-gouverneur, Ajaccio voit surtout se développer son port, au point qu’au début du XVIIe siècle son importance dépasse pendant quelques années celle de Bastia. Comme preuve de cet essor de la ville, la cathédrale est reconstruite en style Renaissance vénitienne (1592), un hôpital est élevé à la même époque, un mont-de-piété est créé (1618).La célébrité de la ville se rattache évidemment à Napoléon Bonaparte, qui y naquit le 15 août 1769, peu de temps après la bataille de Ponte Nuovo qui marquait définitivement l’annexion française. Après avoir été de fervents paolistes, les Bonaparte trahirent d’une certaine manière la cause de l’indépendance corse en embrassant sans restriction le parti français. Aussi la famille connut-elle d’abord de sérieux ennuis avec les Ajacciens, si bien qu’en 1794 la mère de Napoléon dut quitter précipitamment Ajaccio avec ses enfants, en barque, et de Calvi fuir la Corse pour le continent, tandis que la «casa Bonaparte» était pillée et brûlée par les partisans de Paoli.C’est en 1797 seulement que, Napoléon étant déjà célèbre et les finances familiales plus que rétablies, Mme Bonaparte rentra à Ajaccio pour donner à la maison natale de l’Empereur l’aspect qu’on lui voit aujourd’hui.En 1811, Napoléon fait d’Ajaccio le chef-lieu unique du département de la Corse, dédoublé à l’origine en un département du Liamone et en un département du Golo. Sous la monarchie de Juillet, de nombreux travaux de prestige s’attachent à donner à Ajaccio un visage de capitale. Le port s’agrandit avec l’inauguration, dès 1850, de lignes maritimes régulières entre la Corse et le continent, par bateaux à vapeur.Sous le second Empire, la ville reçoit de nouveaux embellissements: l’hospice, la place du Diamant avec la statue de Napoléon et d’un de ses frères, d’après Viollet-le-Duc, les évêchés, les écoles normales et la Chapelle impériale, tombeau des Napoléonides. De hautes maisons s’élèvent le long du cours Napoléon, qui fixent pour longtemps l’aspect d’Ajaccio. C’est de cette époque que date essentiellement le culte d’Ajaccio pour Napoléon, dont la responsabilité incombe surtout à Napoléon III.L’importance de la ville n’est guère qu’administrative. Elle est le siège de l’Assemblée territoriale corse créée en 1991. Avec le développement du tourisme et l’implantation de fonctionnaires de plus en plus nombreux, ainsi que celle de travailleurs immigrés, l’espace traditionnel de la ville a éclaté. Les Ajacciens d’origine, noyés dans une population nouvelle, ont délaissé les quartiers du centre pour la périphérie: hauteurs d’Ajaccio, où s’est développée la ville nouvelle, et, pour les plus fortunés, route des Sanguinaires. La population laborieuse se regroupe à l’autre extrémité de la ville, entre la Barrière et l’aérodrome de Campo dell’Oro. La vie culturelle de la ville reste stagnante, en dépit d’une riche bibliothèque et d’un très beau musée.Ajacciov. de France, ch.-l. du dép. de Corse-du-Sud et de la Rég. Corse, sur la côte O. de l'île (golfe d'Ajaccio); 59 318 hab.— Maison natale de Napoléon.
Encyclopédie Universelle. 2012.